La Cavale irlandaise

Destin romantique que celui de ce guerrier du siècle des Lumières. On le découvre, soldat-enfant, transi de froid dans l'hiver espagnol, conspirateur masqué conduisant un Stuart déchu à la reconquête de son trône, aventurier-diplomate remodelant la carte de l'Europe avec l'inquiétant despote qui s'est emparé de la Russie. On suit la carrière éblouissante du soldat, à la tête de ses régiments irlandais. On le retrouve dans vingt combats, aux côtés des plus grands, Berwick, Maurice de Saxe, Lowendal, souvent blessé, toujours vainqueur. On apprend que cet homme de guerre est un familier des Encyclopédistes, mais qu'il est également à l'aise dans les petits appartements de Versailles, où l'appelle la faveur du Roi et de la Pompadour. C'est à celle-ci qu'il doit son dernier commandement, et la mission de sauver l'Inde du chaos. Il échoue, dramatiquement. L'Inde est perdue. En Amérique, le Canada l'est également et, en Europe, la guerre de Sept Ans tourne à la catastrophe. Pour délivrer la France des maux qui l'accablent, il faut une victime expiatoire. Ce sera lui. Il reste au secret à la Bastille pendant près de deux ans, et subit ensuite un procès d'une monstrueuse iniquité. Son destin s'achève en place de Grève, le 9 mai 1766. Ce jour-là, bâillonné et garrotté, le comte de Lally, lieutenant-général des armées du Roi, Grand-Croix de Saint-Louis, gravit les marches de l'échafaud où l'attend le bourreau.