À présent je n'ai pas

À présent je n'ai pas

Face à face Sois-moi le beau visage de toi vers le visage de moi. Sois-moi un visage vis- à-vis. Une bouche face à une bouche, un son face à un son. À l’image de la maison en chantier de sa rue qui semble « sans cesse / aller se détruisant », la maison du poète, celle de sa vie, celle de son œuvre, « est toujours ruine ». « À présent je n’ai pas – n’ai que la poésie », écrit Avot Yeshurun au seuil du plus grand dépouillement. Mais « Pas le vers ni le mètre, ni les choses. / Pas les choses qui sont dans la poésie / ni la poésie qui est dans les choses ». De la poésie elle-même, il ne reste donc plus que l’âme, soit le son originel de la parole qui, à l’aube de la mort, semble littéralement enfanter à nouveau Yeshurun, lequel ose écrire dans le dernier vers de ses deux ultimes poèmes : « je serai né », et « à la mort Yah ne m’a pas livré ».

Né en Ukraine en 1904, Yeshurun émigre en Israël en 1925 contre la volonté de ses parents, qui mourront tous au camp d'extermination de Belzec. Après 1948, il prend conscience du drame de la population palestinienne sur lequel il publie en 1952 un poème qui fit scandale où il le compare le sort des deux peuples. Ecarté de la scène littéraire, il commence à être connu après 1970 et reçoit le Prix Israël (que sa fille refusera) deux jours avant sa mort en 1992.

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