Ce livre est l'histoire d'une initiation. Il raconte la subordination des jeunes filles à leur destin social d'épouse et de mère, alors que les garçons se voient concéder le droit d'acquérir une expérience de sexualité. Dès lors, les prêtres, les médecins, les pédagogues, les moralistes, les journalistes, et la famille vont se disputer le privilège de l'apprentissage amoureux des garçons, et de la censure imposée aux filles. Ce livre est aussi l'histoire des rêves qui, à chaque génération, mais avec une intensité particulière sous le romantisme, saisissent les adolescents. On les voit hésiter entre amours idéales et amours charnelles, se partager entre amours de salon et amours de rue, inventer des codes amoureux, s'émouvoir pour les gens de leur sexe, ou bien chercher - auprès d'une mère ou d'une autre sœur - la confidente des secrets les plus troublants. Ce livre donne enfin à la lithographie, analysée comme expression culturelle du temps, une dimension nouvelle. Facile, rapide et économique à fabriquer, relayée par la presse et le livre, la lithographie informe - autant que les récits - sur les mœurs de l'époque. Ce n'est pas une "illustration", mais un corpus d'une soixantaine de pièces - de Daumier à Gavarni - inséré dans la démonstration ou le récit, commenté à la façon des livres romantiques.